jeudi 26 mai 2016

Merci pour les douceurs de France!!!!



The Chinese Temple



Comme je l'ai déjà dit dans l'article sur Oroville, la population chinoise était nombreuse à une époque, non seulement à Oroville, mais également en Californie (ainsi que le reste des U.S.A. dans une moindre mesure, ils auraient été au total, plus de 300 000 à entrer aux Etats-Unis).
Comme je l'ai déjà expliqué, à l'arrivée en Californie, ils se retrouvaient dans des conditions de pauvreté et de rejet extrêmes. Que ce soit à cause des contrats qu'ils signaient dans l'espoir d'une vie meilleure et qui les plongeaient dans une dette infinie ou par l'oppression des "américains" sur place, ils ne pouvaient et ne voulaient pas (et franchement, ça se comprend très bien) s'intégrer à la culture américaine.
Cette discrimination à atteint son paroxysme (si on peut dire) en 1882 quand le "Chinese Exclusion Act" fut carrément voté, et qui interdit pendant environ 60 ans aux Chinois l'entrée aux États-Unis. Et les politiques menées jusqu'à la seconde guerre mondiale, visaient à encourager les Chinois à retourner en Chine (en gros, on cherchait à leur rendre la vie impossible aux U.S.A. pour qu'ils repartent).
En bref, ceux qu'on appelait les "coolies" ont été franchement rejetés jusqu'à la seconde guerre mondiale.

Au risque de me répéter, le temple a été construit en 1863, il a été financé par l'empereur et l'impératrice de Chine eux-même et construit par les ouvriers chinois d'Oroville. Il permit à une communauté d'environ 10 000 personnes de préserver leur mode de vie et de pratiquer leur religion. En 1907, une inondation endommagea gravement le temple et décima la population chinoise. Les survivants partirent s'installer ailleurs. Le temple fut conservé et entretenu par une famille avant d'être cédé à la ville en 1935, puis ouvert au public en 1949.
C'est un temple toujours actif aujourd'hui. 3 religions y sont pratiquées :Taoïsme, Bouddhisme et Confucianisme.  Et si vous vous demandez à quoi ça ressemble à l'intérieur, ben... voilà!



Le temple principal : 


 
 Nous voici dans le temple principal. En réalité, il s'agit du troisième bâtiment construit à cet emplacement. Faisant suite à l'incendie des deux bâtiments précédents en bois, celui-ci, en brique est construit en 1863. Il est indiqué que les incendies auraient pu être causés par l'utilisation de l'encens (mais quand on sait à quel point les chinois étaient appréciés... personnellement, j'ai un peu de mal à y croire). 

 





Il y a des petites traces un peu partout, du fait que le temple est toujours utilisé


Lanterne en bambou recouverte de soie

Il semblerait qu'il s'agisse d'un "Komainu", autrement dit la version bouddhiste du lion gardien chinois si on simplifie. Il y en a un de chaque côté de l'autel. Conçus pour conjurer les mauvais esprits, ils représentent le début et la fin de toute chose. Ils seraient faits de papier mâché!

Les 3 divinités : Liet Sheng Kong.  En 1863, il s'agissait du seul temple pour les nombreux chinois et leur différentes religions, et il était appelé "temple des diverses divinités".
On trouve ici de gauche à droite : Hua T'o, le dieu taoiste de la médecine (auquel on attribue la découverte de l'acupuncture vers 450 B.C.);  Kang Kong (pas de mauvaise blague, hein?) ou Kuan Yu un héros populaire confucien vénéré comme un dieu de la littérature, de la guerre, du fair play et de la perspicacité dans les affaires; Tien Hau la sainte mère bouddhiste du paradis, déesse de la mer et gardienne des voyageurs.



Je ne suis pas experte, mais je pense que ce sont des offrandes, preuves que le temple est toujours actif



La chapelle Chan



Cette pièce datant à l'origine de 1874 (en bois à cette époque) a été reconstruite en 1907 suite à l'inondation. Il s'agit du bâtiment le plus récent dédié au culte des ancêtres (Confucius). Le clan des Chan est représenté de façon symbolique sur la figure centrale de l'autel.

La cour :

 
Basée sur le plan traditionnel chinois les briques de la cour sont disposées selon le motif des nuages bénéfiques.


Toutes les plantes sont d'origines chinoises

La salle d'exposition :

Cette pièce contient à la fois des artefacts chinois provenant d'Oroville et les objets offerts au temple d'autres provenances, mais aussi une exposition mettant en parallèle les cultures chinoise et américaine qui s'est avérée assez intéressante.


Vous pouvez voir, quelques poupées, qui sont en fait d'origine japonaises (les objets des deux cultures sont souvent confondus, surtout les objets de type souvenir), un pousse-pousse miniature en bambou (qui est la réplique de ceux utilisés dans les villes), et des vêtements et chaussures brodées faits à la main.


J'ai tenu à ajouter ce personnage, car le détail est tout de même assez impressionnant : ses dents sont en ivoire!

Un petit aperçu du monde féminin. Vous remarquerez les chaussures. Avant, on ne faisait pas des chaussures qui correspondent aux pieds, on faisait  en sorte que les pieds correspondent aux chaussures.
En effet, considéré comme un atout hautement esthétique voire érogène, les pieds se devaient de correspondre à certains critères. Si on résume beaucoup, plus le pied était petit, plus il était beau D'où le développement des pieds bandés. Pour les âmes sensibles, je vais éviter les images, mais il faut savoir que le bandage des pieds a été très pratiqué pendant assez longtemps et jusqu'à assez récemment (du Xème siècle jusqu'à la fin des années 40 où la pratique fut interdite). On le pratiquait uniquement sur les filles, en général vers 5 ou 6 ans et de préférences sur les aînées (que l'on mariait bien, les autres... ben elles avaient besoin de leurs pieds entiers pour travailler.). Cela consistait à replier les orteils de l'enfant, excepté le gros orteil, sous les pieds et la plante des pieds pour qu'elle soit exagérément arquée.  Le but était semblerait-il d'obtenir un pied de 7,5cm (ou lotus d'or, la taille jugée idéale) puis à les bander de plus en plus serré au fil des semaines pour qu'ils prennent et gardent la forme voulue. Évidemment, outre la douleur indescriptible que cela devait engendrer, cela pouvait impliquer des conséquences graves comme de nombreuses fractures pouvant conduire à la perte des orteils (qui était plutôt considérée comme une bonne chose, car le pied pouvait être plus petit), des infections (causée par la chaleur ou les bandages et les fractures) pouvant mener jusqu'à la mort. En fait, près de 10% des filles aux pieds bandés mourraient de septicémie. Pour ceux qui veulent voir ce que ça donne faites juste un petit tour sur wikipedia.


Figurines en Tek

Vous remarquerez à droite un petit objet  qu'on trouve beaucoup comme ornement textile. Il s'agit en fait d'une pièce de temple, donnée en offrande lors des festivals, et que l'on considérait comme ayant des pouvoirs mystiques. Raison pour laquelle on la portait comme porte-bonheur.


Harpe papillon : Il s'agit en fait d'une sorte de cithare, importée de Perse sous la dynastie Ming (1368-1644). On l'appelait "Yang-chin" qui signifie "instrument étranger".

Du cinabre

Un manteau de pluie traditionnel en...feuilles de palmier! Celui-ci a été utilisé à Oroville

La salle "Cullie" : 

Et nous voici à l'expo qui met en parallèle les 2 cultures afin, d'en "montrer le contraste et les similarités " entre 1860 et 1930. Je vous en donne un petit aperçu.
Vous remarquerez la charmante chemise de nuit de noces à droite!

Un mandarin. Fonctionnaire impérial, il est l'un de ceux qui ont réussi les examens impériaux. Il appartient à l'un des 9 différents rangs et doit avoir réussi un examen visiblement assez difficile pour accéder à une telle fonction (désolée pour le manque d'information, j'ai plus tellement de temps pour la recherche depuis que je travaille et je ne suis pas trop organisée pour l'instant). Rappelez-vous la révolte des Taiping dont j'ai déjà parlé, le mec qui la menait a raté cet examen à plusieurs reprises

Il semblerait que chacun des 9 rangs était représenté par un bouton différent sur le chapeau. Il porte également un collier composé de 100 perles selon la tradition, attribut du mandarin.
La boîte permettant de ranger son chapeau et sa bijouterie.

La salle des tapisseries : 


Cette salle, construite en 1968,  abrite la collection d'objets cédés avec le temple à la ville en 1937, la plupart provenant de la région de Canton. La majorité des chinois d'Oroville étaient originaire de cette région.
Les figurines du théâtre d'ombres chinoises : 
Appelées Pi Ying Hsi, ce type de figurine est faite de parchemin en peau d'âne, rendue translucides par un traitement d'huile de sophora et colorées à l'aides d'encres indélébiles. La scène était composée d'un drap tendu, légèrement penché vers l'avant pour permettre au figurines de rester "collées" à celui-ci. Le marionnettiste était capable d'animer la scène grâce à un système de fils et de morceaux de bambou. La tête étant l'élément déterminant le personnage, on avait besoin de plus de têtes que de corps car les têtes étaient interchangeables. Par ailleurs, on jouait de la musique pendant que le narrateur racontait l'histoire.
 L'origine de cette pratique est inconnue, mais on sait que les représentations étaient populaires sous la dynastie Han jusqu'à environ 150 av.J.C.

Les marionnettistes se déplaçaient au domicile des clients faisant de cet art un important moyen d'éducation pour les femmes qui n'étaient pas autorisées à se rendre à l'opéra. Lorsque les guerres interrompirent les représentations théâtrales au théâtre, les théâtres d'ombres chinoises restèrent actif et permirent la transmission de l'histoire. Les pièces étaient visibles dans des magasins, temples ou maisons, une lanterne ou bougie suffisant fournir l'éclairage nécessaire.

Voici une partie très intéressante. Les marionnettes pour les ombres chinoises. Ici une scène de chaise à porteurs : Les femmes chinoises ne sortaient pas, pas même pour faire du shopping! Elles utilisaient donc des chaise à porteurs qui les protégeait des regards notamment les jeunes femmes. Ces chaises à porteur étaient utilisées pour  le transport en ville mais également pour des voyages plus difficiles tels que ceux vers les sanctuaires des sommets. D'autre part, il semblerait que les poneys mongols représentés dans cette scène ne furent utilisés couramment qu'après le début de la dynastie mongol Yuan aux alentours du XIII ème siècle ap.J.C.. Ces petits mais infatigables animaux remplacèrent les chevaux de la dynastie Tang, moins économiques préférés pendant 300 ans.

La cour des magistrats

Comme on l'a vu précédemment, les têtes sont interchangeables. Ainsi, un personnage peut vieillir, un personnage maléfique devenir bon simplement par l'échange d'un tête contre une autre. Les personnages comiques ont des cercles autour  des yeux. Les longues barbes appellent au respect, tandis que les bouches souriantes dans lesquelles on aperçoit les dents impliquent des personnalités moins sérieuses.

Les démons, quant à eux, présentent généralement un visage vert.

En ce qui concerne cette tenture, les artistes ont choisi de représenter plusieurs symboles significatifs : le Feng Huang, ou phœnix, prédiction de bonheur; le Kilung, animal mythologique sensé apporter de nobles fils; le lion, associé à l'idée de pouvoir et le faisan  symbolisant la richesse et la beauté. Il semblerait qu'il s'agisse là de l'expression d'un vœu taoïste de longue vie, bonheur et bonne fortune.











Parasol de parade royale

Epée talisman, constituée de pièces de temple vieille de 100 à 300 ans, elle était utilisée pour éloigner les mauvais esprits.

Et, évidemment, de la porcelaine de Chine...



Les parades chinoises attiraient de nombreux spectateurs.


Reconstitution d'un habitation chinoise datant de 1971. Elle représente la cabane typique du travailleur chinois

Humblement meublée et équipée. De toute façon, elle est minuscule!


La salle du conseil :

Datant de 1848, cette salle servait aux transaction et à régler les problèmes légaux. La plupart des travailleurs chinois ne savaient ni lire, ni écrire, et venaient afin de faire écrire par des lettrés des lettres ou de régler un différend.  Des opération de bancaires, surtout l'envoi d'argent vers les familles des travailleurs restées en Chine, étaient aussi réalisées ici. Les querelles étaient résolues et les enterrements organisés dans cette salle.






La salle Fong Lee : 

Salle assez récente (2008), elle fut un cadeau de la famille Chan en mémoire de Chun Kong You surnommé Fong Lee (qui signifie "gros profit" et qui était en fait le nom de son magasin). Chun Kong You arriva aux USA en 1867 ou 1868 pour travailler sur le chemin de fer. Pendant les 2 ans où il y travailla, il vendit à ses compatriotes ouvriers des marchandises.En 1870, il s'installa à Oroville et ses économies lui permirent d'ouvrir son propre magasin ; Fong Lee Company. Les activités y étaient très diverses, allant de la vente d'herbes médicinales et il achetait également de l'or aux mineurs pour le vendre au gouvernement américain entre autres. Sa famille reprit sa suite et il semble donc juste de le considérer comme une partie importante de l'histoire d'Oroville.




Le temple de la lune : 

Ce temple a été construit pour le culte de bouddha en1868.



Ce bouddha appartenait aua restaurant Tong Fong Low  (toujours en activité aujourd'hui) et a été donné au temple lorsque le restaurant a été vendu. On ne sait pas de quand il est daté, mais étant donné que le restaurant date de 1912, il pourrait être aussi de 1912.